TROISIEME EXERCICE

Nous ne reviendrons pas sur les indications données, dans l’Exercice
Préliminaire et le Premier exercice, concernant la tenue droite et
souple, l’indispensable détente de toutes les parties du corps. Il reste
entendu que ces mesures sont les compléments irremplaçables de la bonne
exécution et de la réussite de
tous exercices.
Le visage, à rester ainsi parfaitement détendu, les mâchoires
non serrées, la langue bien à plat ---- gagne de garder, ou de
reprendre la netteté de ses lignes, déformées par tant d’inutiles
crispations qui sont le commencement du travail de burinage des faux
plis et déformations, qui peu à peu mettent un masque sur la vraie
physionomie. Les rides qui se marquent si prématurement chez beaucoup,
ne sont bien souvent que les suites de véritables grimaces qui se fixent
définitivement ensuite de la répétition. Toutes impressions réagissant
sur le système nerveux, s’il n’y a pas contrôle de celui-ci, ce sont
surtout les muscles du visage, qui en expriment, par contractures, les
sensations éprouvées. Mécontentement, étonnement, chagrin, rire, ennui,
tout met son sceau sur la physionomie. Il est important de veiller aux
réactions et de garder le plus possible une expression détendue et
souriante, déjà, pour que soit respectée l’harmonie des lignes, de la
forme du visage; il est bon encore et surtout, de savoir que là, ne
s’arrêtent pas les bienfaits ---- certains n’ont pas compris encore, que
même l’apparence a lieu d’être satisfaisante, en dehors de toute vaine
et superficielle coquetterie ---- mais que de plus, toute crispation,
raideur, maintenue inconsciemment dans une quelconque partie de
l’organisme a ses exacte relation et contre-partie
dans une partie du cerveau.
La langue maintenue souple dans l’écrin des mâchoires non
serrées, permet une meilleure et plus large utilisation de l’entrée des
voies respiratoires, des cordes vocales. Qui sait maintenir visage,
langue, maxillaires, nuque, cou, toujours à l’aise et souples, et qui
s’exerce, pour améliorer toujours, s’apercevra rapidement qu’il peut
parvenir à développer sa voix en harmonie et
en force, dans des proportions insoupçonnables. De plus, l’acte
respiratoire en est grandement
facilité, et tout l’organisme y trouve large amélioration.
On ne pense point assez aux petits détails quand on décide de
partir à la conquête de soi ! Ils sont cependant d’une utilité égale
aux plus grands efforts; s’ils n’ont pas été envisagés, ils
entravent sourdement et empêchent d’aboutir. N’oublions jamais le petit
gravier qui fausse
arrête le mécanisme des plus merveilleux rouages.
Ce Troisième exercice doit être exécuté assis sur une
chaise ou tabouret dont la hauteur de siège permette que
l’équerre formé par cuisse et jambe soit absolument exacte; le pied doit
donc reposer bien à
plat sur le sol et le genou ne doit être ni soulevé ni baissé ---- comme
indiqué pour les exercices:
Préliminaire et Premier.
Lorsque la bonne position est prise,
faire les respirations préliminaires: quatre ou cinq inspirations,
expirations, consécutives, rapidement effectuées, puis vider à fond les
poumons par la dernière expiration, aussi prolongée que possible sans
effort. Tout acte accompli par effort produisant crispation et tension,
est de mauvais rapport.
Pour cet exercice, le point de fixation, de concentration
sera posé, non sur la muraille, comme pour les précédents exercices,
mais
à terre, à une distance de trente centimètres environ de
la pointe des pieds; un centime, un bouton, enfin quelque rond de nuance foncée de la dimension d’un centime, et qui ne soit
pas brillant.
Assis, et les yeux tranquillement fixés sur le centime, les
jambes à l’équerre, les pieds formant le V, comme pour le Premier
Exercice: pointes à trente ou quarante centimètres environ l’un de
l’autre, talons à dix ou quinze centimètres, ---- beaucoup dépend, pour
le juste écartement, de la taille et corpulence.
Les mains, qui sont posées à plat sur les cuisses ---- pouce en
dedans, doigts à l’extérieur, ---- restent souples et ne doivent
jamais servir d’appui. Pendant tous les mouvements, l’attitude entière restera
souple,
pieds et mains ne seront pas déplacés, le regard ne quittera pas le
centime. Seule, la colonne vertébrale devra toujours rester droite et
ferme, car c’est elle qui conduira
l’exercice, et toute coudure ou voussure, empêcherait le bon résultat de
l’exercice d’être ressenti. La ligne de la nuque ne devra pas changer,
c’est-à-dire qu’elle devra rester toujours droite; bien observer cela,
lorsque, penché en avant, on reste le torse posé sur les cuisses en
tenant le souffle, et qu’ensuite, d’un mouvement de tout le buste, on se relève sans s’aider des bras ou des mains, en
expirant;
quand on se retrouve assis, droit sur la chaise, la tête doit être
parfaitement demeurée dans le prolongement de la colonne vertébrale.
DESCRIPTION DE L’EXERCICE
Assis, mains posées sur les cuisses, les yeux ne quittant pas le centime,
aspirer
pendant 7 secondes, tout en penchant graduellement le buste, maintenu
droit par la colonne vertébrale, jusqu’à parvenir à le faire reposer sur
les cuisses ---- tête gardée, ainsi que dit plus haut, dans le
prolongement de la colonne vertébrale ---- rester ainsi 4 secondes en
tenant les poumons pleins d’air, puis remonter le torse jusqu’à se retrouver dans la position de départ, en
expirant graduellement, pendant 7 secondes que prendra la montée. Ce mouvement du buste doit se faire
par une flexion de l’articulation des hanches.
Pour faciliter la tenue de l’attention parfaite sur
l’exercice et son exécution, qui est indispensable à qui veut connaître
les résultats immenses que cet exercice peut amener, ---- il est
bon de suivre mentalement une formule lapidaire
Par exemple « Respir est vie ». Garder un mot présent à l’esprit pendant les 7 secondes
d’inspiration:
Respir; ---- Est pendant les quelques secondes de
tenue; ---- Vie pendant les 7 secondes d’expiration; et rester « à vide »,
arrêt de repos, pendant 4 secondes, avant de recommencer le mouvement complet. On répétera cet exercice pendant 3 minutes au maximum;
et jamais plus de deux ou trois fois par jour, lorsqu’on est parvenu à l’accomplir aisément,
sans aucune difficulté.
Cet exercice est très puissant; il est sage d’en faire très peu au début, et de ne pas forcer
inspiration, tenue, expiration et arrêt
du souffle; on parviendra bien plus vite à l’exécuter facilement et
dans toute l’ampleur voulue, que si l’on prétend y arriver de force.
Faire plutôt moins,
que plus, est gage de succès.
Une variante d’exécution de cet exercice, dont l’effet est
particulièrement puissant ---- qui est, en raison de cela, à pratiquer
seulement lorsqu’on a déjà acquis la parfaite maîtrise de la
première forme donnée ---- est celle-ci: en inspirant, et pendant qu’on
incline le buste, au
lieu de fixer le point de mire déposé sur le sol, poser le regard sur la
pointe du nez, l’y maintenir encore pendant les secondes de
tenue
du souffle; et, pendant le mouvement de redressement du buste, et
l’expiration de 7 secondes, faire remonter le regard graduellement de la
pointe du nez à la racine, le maintenir la pendant les secondes
d’arrêt
du souffle, et recommencer la descente du buste en inspirant, le regard
glissant de la racine du nez à la pointe; le tenir à nouveau fixé sur
cette pointe, remonter le buste en expirant, le regard remontant le long
de l’arête du nez et se fixant à la racine,
ainsi de suite jusqu’à la fin des mouvements. Cela fortifie les nerfs
moteurs et oculaires, et
aide également beaucoup à l’obtention de la stabilité du regard, ce qui
contribue à amener un
rapide developpement de la faculté de concentration.
Développant et fortifiant les muscles diaphragmatiques et
intercostaux, qu’on peut en quelque sorte s’imaginer sous la forme de «
volants » de l’impulsion vitale respiratoire ---- et qui sont
fortement travaillés, développés par cet exercice et les mouvements
qu’il comporte ---- un
accroissement, une ampleur des mouvements respiratoires va s’amplifiant
graduellement, permettant l’exercice d’une respiration large, profonde,
régulière et aisée.
Cet exercice « masse » littéralement les régions épigastrique, abdominale et rénale, en
renforce la musculature, et il améliore immanquablement le fonctionnement des organes y contenus.